Pour diminuer les risques d’ADD (accident de désaturation/décompression), mangez et buvez sans alcool avant de plonger ; attention aux aliments qui fermentent et provoquent des gaz. Buvez environ ½ litre après la plongée, vous réduirez la fatigue, augmenterez le volume sanguin pour favoriser la circulation et donc l’élimination des bulles d’azote (N2).
Notre organisme est constitué pour 55 à 60% par de l’eau ; la répartition de cette eau entre les secteurs intra et extracellulaires est déterminée en grande majorité par la concentration en sel (NaCl) : quand la quantité de sel diminue, une quantité d’eau est éliminée par les reins pour maintenir le ratio sel/eau .Donc pour avoir un bon état d’hydratation et un bon fonctionnement cellulaire, il faut avoir un stock d’eau normal mais également un stock de sel normal.
Conséquences d’une hydratation insuffisante
Risque d’accident de décompression (ADD)
La déshydratation par manque d’eau et de sel augmente la viscosité sanguine ; cela peut modifier la saturation et la désaturation en gaz inerte (N2), altérer la mobilité des bulles et favoriser la coagulation autour des bulles.
La fatigue
La déshydratation est bien connue comme étant une source de fatigue et de baisse des capacités physiques.
Comment se déshydrate t-on ?
Nous perdons constamment de l’eau et du sel, notamment par la respiration, la transpiration, les selles : on appelle cela les pertes insensibles. Elles sont estimées à environ ½ litre d’eau par jour, la quantité de sel perdue est faible.
Pour que les reins puissent assumer leur rôle de filtre, la diurèse doit être environ de 1.5 litres par jour. Les reins ne sont pas responsables de la déshydratation, on élimine que ce que l’on a bu .Il est donc recommandé d’avoir des apports liquidiens quotidiens de 2 litres par jour.
Les causes de déshydratation sont donc essentiellement dues à une insuffisance de prise de boissons et/ou de sel. Des pertes hydriques et sodées excessives peuvent être provoquées par des pathologies comme la gastro-entérite (« La Tourista »).
Avant la plongée :
Les pertes insensibles ont lieu aussi la nuit : le plongeur qui va plonger sans avoir petit-déjeuner et bu s’immergera donc légèrement déshydraté.
Lors de séjours en pays chauds, la transpiration augmente et entraine une perte d’eau et de sel conséquente.
La prise de médicaments diurétiques pour le traitement de l’hypertension artérielle peut favoriser la déshydratation.
Pendant la plongée :
La diurèse d’immersion :
Lorsqu’on s’immerge nous sommes soumis à une pression hydrostatique qui s’applique sur toute la surface de l’organisme. Cette pression comprime les petites veines superficielles et le tissu interstitiel sous cutané avec en conséquence le transfert en quelques minutes d’un volume liquidien d’environ 700 ml vers le thorax. Le cœur est alors dilaté en raison de l’excès de volume sanguin intra-thoracique. Pour lutter contre cet excès de volume au niveau central, le débit sanguin rénal augmente pour que la diurèse augmente l’élimination d’eau (2 à 6 fois le débit d’avant immersion) : cette diurèse d’immersion restaure un remplissage cardiaque normal.
Dès la fin de l’immersion, cet état de déshydratation et d’hypovolémie se majore encore car l’effet de la pression hydrostatique sur les membres disparaît, les petites veinules superficielles et le tissu interstitiel se remplissent à nouveau au dépend du volume thoracique.
Le froid est responsable d’une vasoconstriction périphérique augmentant le volume sanguin intra-thoracique.
La ventilation par les fosses nasales permet de filtrer, réchauffer et humidifier l’air. En plongée nous respirons un gaz sec qui se charge d’eau dans nos alvéoles pulmonaires. En consommant complètement un bloc de 15l à 200 bar, on pourrait perdre au maximum 120ml d’eau, ce qui est peu important .
Après la plongée :
Il n’y a pas de facteurs nouveaux favorisant la déshydratation, mais les facteurs précédents peuvent persister (le froid ou la chaleur, la pression de la combinaison).
Comment savoir si on est bien hydraté ?
La soif est le meilleur indicateur. Le plus souvent la soif est stimulée par un manque d’eau. Cependant, si on perd également du sel, le ratio sel/eau peut rester constant et la soif ne pas être stimulée ; c’est ce qui arrive avec la diurèse d’immersion .
Donc si on plonge en ayant soif, il est certain qu’on est déshydraté et si on n’a pas soif après une plongée on est peut-être déshydraté quand même.
Un plongeur qui n’a pas envie d’uriner pendant ou après une plongée ne s’est certainement pas assez hydraté avant : sachant que la diurèse est multipliée par 2 à 6 en immersion, un plongeur bien hydraté remplie sa vessie plus vite.
Il n’est pas facile de savoir si on est bien hydraté, le plus sûr est donc de s’hydrater de manière systématique avant et après une plongée.
Comment s’hydrater au mieux ?
Le ratio sel /eau détermine une bonne hydratation, il est donc important de boire et manger.
L’alcool est déconseillé, il hydrate moins bien car il augmente la diurèse et surtout il favorise la narcose et les comportements à risque.
Important : n’hésitez pas et ne tardez pas à signaler tout signe inhabituel lors de votre retour de plongée : un ADD se solutionne d’autant mieux qu’il est pris en charge précocement.
Résumé de l’article du Dr Thierry KRUMME , Subaqua n°269, nov-déc2016.